Politiques et numérique : le livre de la réconciliation ?
Par Florian Bunoust-Becques
 Pédagogie et sensibilisation sont les maitres mots de Pascale Luciani-Boyer, auteure d’un ouvrage censé rassurer les politiques. « L’élu(e) face au numérique » veut rompre avec les idées reçues sur un domaine parfois mal connu.
Pascale Luciani-Boyer l’assure, « les fracturés du numérique, ce sont souvent les décideurs politiques.» Une phrase qui pourrait s’adresser a elle-même, adjointe de Saint-Maur-des-Fossés (Val-de- Marne). Pourtant, cette biologiste de formation, membre du collège politique du Conseil national du numérique (CNNum) entend bien inverser la donne. C’est dans le lieu symbolique de l’Hôtel de Massa, abritant la société des gens de Lettres, que s’est tenue la présentation du nouveau livre de Pascale Luciani-Boyer intitulé « l’élu(e) face au numérique » aux éditions Berger Levrault.
Un ouvrage réalisé avec 26 contributeurs dont le maire de Bordeaux et ancien Premier ministre, Alain Juppé, présent pour l’événement. L’occasion pour l’auteure de cette publication d’expliquer son travail des dernieres années et surtout sa volonté de sensibiliser les élus sur la question numérique et de ses enjeux pour l’avenir. Les élus franciliens étaient représentés par Stéphane Baudet, Maire de Courcouronnes et Président de l’Association des maires d’Ile-de-France (AMIF). L’élu de l’Essonne explique qu’« au sujet de la fracture numérique, il y a urgence et les élus en sont conscients. » Il ajoute que « 90 % des relations avec l’administration se font par courrier électronique ». Gilles Babinet est entrepreneur dans le numérique, créateur des sociétés Escalade Industrie et Musicwave. Il a également pour missions de représenter la France aupres de la Commission européenne pour ces enjeux. Il insiste sur le fait que « le numérique a progressivement renversé les habituels modeles économiques, de gouvernance et de citoyenneté ».
Un bouleversement qui au cours de ces dernieres années a accentué le risque de fracture numérique dans notre société et la mise en place des actions visant a réduire cette fracture plus particulièrement sur les populations dites « éloignées ». Un sujet sur lequel l’auteure a porté une attention toute particulière. La complexité réside dans les rapport et pratiques des administrations, bien souvent en décalage.
« L’enjeu actuel est d’intégrer le numérique dans toutes les politiques publiques à venir, dans la mesure ou ce sujet n’épargne aucun domaine de compétence des élus et va bien au dela des uniques et exclusifs domaines techniques », explique Pascale Luciani-Boyer.
« Or, sur ce sujet, les élus se sont plus que de coutume reposés sur leurs administrations ».Â
Alain Juppé n’oublie pas de souligner les efforts et innovations numériques dont bénéficie la capitale de la région Aquitaine et se montre enthousiaste : « on rentre dans tous les sujets. Ça doit être une priorité ». L’usage est « dans toutes les politiques publiques ». Pour les contributeurs, le maire reste lié aux infrastructures, notamment au regard des compétences historiques des élus locaux qui se voient comme les « bâtisseurs de la cité ». C’est pourtant dans ce domaine qu’une vraie révolution est en train de voir le jour, comme l’expliquent les spécialistes présents. Finie l’attente au guichet de mairie, « le citoyen devenu virtuel, e-usager, bénéficie de la possibilité de télécharger sur internet le formulaire a compléter et a retourner a l’organisme compétent ». La dématérialisation des procédures est ainsi en marche. Elle s’effectue pourtant a deux vitesses comme l’évoque l’ouvrage. « La dématérialisation administrative s’effectue a deux vitesses. L’une basée sur la mise en ligne de documents numérisés. L’autre a partir de documents non modifiables mais a compléter en ligne.» C’est dans cette logique qu’interviennent les agents citoyens : « Les agents territoriaux, également des citoyens, vont exercer sur le systeme qui les entoure des actions de contributions ».